Témoignage d'Inas Sobhy, Adulte-relais médiatrice santé à la Communauté Urbaine d'Arras

Mis à jour le 24/06/2019

Inas Sobhy a pris ses fonctions en tant que médiatrice santé le 1er janvier 2016 au sein de la direction Prévention et Cohésion sociale de la Communauté Urbaine d'Arras (CUA).

Elle bénéficie d'une convention Adulte-Relais Médiatrice Santé (ARMS).

Créé en 2000, le programme encadre des interventions de proximité dans les Quartiers Politique de la Ville (QPV) dans le cadre des contrats de ville.

Il vise à renforcer le lien social et à favoriser le règlement des conflits de la vie quotidienne par le biais de la médiation.

Ce programme a donc 2 objectifs :

  •  développer la médiation sociale dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville
  • renforcer les chances d’insertion professionnelle des adultes demandeurs d’emploi de ces quartiers

 L’État conventionne avec une structure pour une durée de 3 ans.

 Peuvent exercer des activités d’adultes-relais les personnes remplissant les conditions suivantes :

  • être âgé(e) de 30 ans au moins
  • être sans emploi ou bénéficiant d’un contrat aidé type CAE-CUI
  • résider dans un QPV

L’État accorde à l’employeur une aide forfaitaire annuelle dont le montant, par poste de travail à temps plein, est fixé à 19 345€ (montant revalorisé au 1er juillet 2018 en application du décret n°2015-1235 du 2 octobre 2015).

Inas, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

D'origine égyptienne et titulaire d'un master en développement culturel, je suis arrivée à Arras en 2008 après un accident de la vie. Avec la révolution égyptienne de 2011, je ne pouvais pas retourner dans mon pays d'origine accompagnée de ma petite fille qui a la nationalité française.

J'ai été accompagnée par le SIAO service intégré d'accueil et d'orientation et une assistante sociale. Après quelques mois, j'ai commencé à prendre mes repères et a trouvé une solution à mes difficultés sociales (aides sociales, assurance maladie...).

J'ai bénéficié d'un contrat aidé qui m'a permis de passer un master Français Langues Etrangères (2 jours à l'université et 3 jours au travail).

Dans mon quartier, les habitants venaient me demander conseil sur certaines démarches. J'ai pris l'initiative de créer un atelier "FLE" Français Langues Etrangères bénévolement afin d'aider les familles à régler leurs problèmes administratifs (RSA, CMU, logement, surendettement, MDPH...).

Accompagnée par le PLIE plan local pour l'insertion et l'emploi, j'ai postulé au poste d'ARMS à la CUA et j'ai pris mes fonctions le 1er janvier 2016 . Mon contrat est aujourd'hui en cours de renouvellement pour 3 ans.

Quelles sont vos missions en tant que médiatrice santé ?

Je travaille l'axe "Favoriser l’accès et le parcours de soins des publics fragiles" du Contrat Local de Santé au sein des 5 QPV de la CUA.

A mon arrivée, des groupes de travail ont été menés dans chaque quartier afin d'identifier les besoins pour adapter mes missions. J'ai rencontré à cette occasion les partenaires avec lesquels je travaille aujourd'hui au quotidien.

L'essentiel de mon travail consiste à "aller vers" les habitants des quartiers. J'écoute et j'accompagne les habitants dans leurs démarches et je fais les liens avec les partenaires pour résoudre leurs problèmes.

Pouvez-vous nous illustrer quelques actions mises en place dans les quartiers depuis votre arrivée ?

Nous avons mis en place l'action "De tour en tour"au sein du quartier Arras Ouest. C'est un projet partenarial dans le cadre de l'Atelier Santé Ville qui consiste à organiser un petit-déjeuner avec les partenaires et les habitants en bas d'une tour d'immeuble avec des animations ludiques. Cette action me permet de toucher tous les publics.

Nous avons également monté une action avec le centre social d'Achicourt dans le cadre du programme de réussite éducative autour d'animations sur la santé et la nutrition. L'objectif était de travailler la santé et la parentalité.

Avez-vous bénéficié de formations depuis votre prise de poste ?

J'ai suivi la formation de prise de poste ARMS avec la Sauvegarde du Nord.

J'ai bénéficié de plus d'une dizaine de formations dès la première année : accès au droit, lutte contre les addictions, entretiens motivationnels...

Récemment, j'ai suivi la formation sur les violences sexuelles et sexistes à la préfecture d'Arras. J'ai eu l'envie de monter une action avec les jeunes autour de cette problématique. Nous avons donc organisé un "ciné-débat" avec les jeunes de 11-15 ans.

Quels sont les aspects positifs de ce poste ?

J'ai des exemples très concrets de personnes que j'ai accompagnées et qui ont solutionné leurs problèmes. J'ai par exemple aider une personne à s'en sortir juste avant son explulsion. Nous avons régularisé sa situation ce qui lui a permis de conserver son logement. Elle est toujours suivie aujourd'hui.

Je travaille actuellement avec une personne à mobilité réduite qui vit dans un logement non adapté. Je fais le lien avec les dispositifs existants pour lui trouver une solution.

Voir la situation des personnes suivies s'améliorer est une réelle satisfaction.

Quels sont les freins ou pistes d'amélioration ?

Le frein est plutôt lié à ma situation personnelle. Je suis en attente d'un retour sur ma demande de nationalité française. Dès son obtention et après mon contrat de renouvellement de 3 ans, je souhaite passer mon diplôme de moniteur éducateur.